Rétrospective B.Tavernier : La vie, et rien d’autre

 

 

César du meilleur acteur et de la meilleure musique

Dimanche 4 décembre 2015 à 14h
Présenté par Thomas Pillard
universitaire

Septembre 1989 (2h15) avec Philippe Noiret, Sabin Azéma, Maurice Barrier et Michel Duchaussoy
Scénario Bertrand Tavernier et Jean Cosmos
                                        Musique de Oswald d’Andrea

 

1920. Après le déchainement des violences et des haines nationalistes, patriarcales, l’ambiance est plutôt morose dans une France qui pansent ses blessures lentement, saignée de sa jeunesse.
La mort rôde encore comme une menace bien réelle dans un champ bombardé, où un paysan travaille sa terre.
Jamais montrés, toujours suggérés, les corps morts, meurtris, des soldats
sont l’objet de recherches quasi obsessionnelles à fin d’identification par
leurs familles.
Comme des survivants d’une catastrophe civilisationnelle produite par des hommes d’autant plus uniformisés qu’ils sont socialement déclassés, les proches s’accrochent à des espoirs souvent déçus de retrouver quelque chose, un objet si dérisoire soit-il. Reliques …
Les émotions sont souvent poignantes pour tous les personnages : elles font vivre leurs lents retours à la vie normale à travers un travail de deuil long et difficile.
Le deuil de la Nation des Inconnus est censé se faire lors d’une cérémonie grandiloquente. Tavernier l’explicite suffisamment : l’officier-Noiret est probablement son porte-parole. Distancié et désabusé, comme le spectateur …
Le déplacement privilégié de l’officier-Noiret, courtois et digne, et de la bourgeoise-Azéma, déterminée et digne, permet d’explorer maintes situations administratives et humaines dans le cheminement qui les mène à une rencontre amoureuse. Couple précédemment séparés, quoique pour des raisons différentes, ils n’arrivent cependant pas à constituer un nouveau couple. Occasion manquée …
L’amour platonique, non sexué, de l’officier s’exprimera dans une lettre pathétique. Romantique.
Symboliquement, un océan immuable dans son mouvement les sépare. Comme deux îles solitaires, et heureuses ?
La vie, et rien d’autre que des fantômes d’eux-mêmes …Musique de fin funèbre.
La vraie vie est ailleurs, dans la salle avec le rire des spectateurs, un siècle plus tard …
Michel Grob
décembre 2016

 

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