La communion-Jan Komasa

Film polonais : sortie prévue en mars 2020 puis reprise en juin. Réalisé par Jan Komasa, avec Bartosz BieleniaEliza RycembelAleksandra Konieczna.

Synopsis : Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour la jeunesse mais le crime qu’il a commis l’empêche d’accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L’arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.

La communion fait partie des victimes du premier confinement. Les Cramés auraient vraiment aimé le programmer. Il est passé à l’Alticiné, en VF et au cours des vacances d’été, quel dommage. Je viens de me rattraper en le visionnant en VO sur Canal+. Il a été nommé aux Oscars dans la catégorie Films étrangers mais le jury lui a préféré Parasite.

L’histoire qui a inspiré le film est vraie. Elle a fait la une des journaux en Pologne : un jeune homme s’est fait passer pour un prêtre pendant environ trois mois. Il s’appelait Patryk et il avait 19 ans à l’époque. Mateusz Pacewicz, le scénariste qui est aussi journaliste, avait écrit un article sur cette histoire et c’est de là que vient le film. Son nom a été changé en Daniel mais les personnages sont similaires, ainsi que son parcours dans une petite ville de province. Le jeune homme avait célébré des mariages, baptêmes et enterrements. Il était fasciné par tout ça et voulait réellement devenir prêtre.

A partir de ce fait divers le réalisateur et le scénariste ont ajouté le centre de détention pour mineurs et la tragédie qui a frappé ce village. Déjà, dans la réalité toute la polémique était née du fait qu’il était bien meilleur que le vrai prêtre et n’avait pas hésité à s’éloigner du dogme officiel mais les gens étaient satisfaits et il avait attiré de nouveaux fidèles. 

Bartosz Bielenia qui joue le personnage de Daniel est impressionnant : il joue aussi bien le jeune délinquant prisonnier de ses pulsions que l’être fragile et sensible saisi par la grâce. Une vraie prouesse. Finalement il sait parler à ces villageois endeuillés et en colère, les mettre en face de leur colère et tout ce qu’elle engendre, ainsi qu’à la jeunesse désœuvrée qui s’ennuie. 

Nulle moquerie de la religion dans ce film, au contraire même. Daniel aurait-il été attiré par cette voie s’il n’avait pas eu ce passé difficile ? Peut-être pas mais ce film a aussi le mérite de nous montrer une Pologne loin des villes aux prises avec ses contradictions. Le réalisateur précise : « Depuis que nous sommes rentrés dans l’Union européenne, les gens parlent à nouveau des valeurs fondamentales. Le conservatisme et le libéralisme s’affrontent. Notre pays a enduré beaucoup d’épreuves sur le plan historique. Mais aujourd’hui, nous sommes capables d’en parler et nous avons trouvé un équilibre. Nous débattons de ces valeurs comme nous débattons de la place de l’Eglise dans la société. Mon film reflète cet esprit très polonais. Parce que des gens se sentent exclus de la marche du monde, de la révolution numérique, ils se sentent abandonnés et se tournent vers une politique conservatrice. »

Même si ce prêtre new-look ressemble fort à un prédicateur et, bien qu’il conduise les paroissiens à une réflexion sur leur conduite, sur la durée il n’aurait sans doute rien eu à envier à un autre personnage, Elmer Gantry, le charlatan, incarné par Burt Lancaster dans le film éponyme sorti en 1961, réalisé par Richard Brooks. 

Deux très beaux films. 

Laurence

Une réflexion sur « La communion-Jan Komasa »

  1. Merci de ton article, j’ai vu ce film, je l’apprécie tout comme toi. Première remarque, me promenant sur internet, je m’aperçois que ce sujet est plus que crédible, bien sûr en Pologne mais ailleurs aussi. Ensuite, ce film est interessant dans son ensemble. Le jeu du jeune acteur principal est remarquable . Les effets de cadrage sont parfaits, selon la manière de le prendre, elles en font un « ange » ou une petite frappe! et l’ambiguïté est étonnante, parfaite pour ce film.

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