Jean-Pierre Mocky 1929 ou 1933 /2019

Au début, Jean Pierre Mocky était peintre,  et il l’est resté,  une peinture par d’autres moyens.

Jean-Pierre Mocky, la dernière fois que je l’ai aperçu c’était dans la rue quelque part dans Paris, vers le quai Branly,  avant cela,  c’était  à la télé en 2013, dans « On n’est pas couché » une émission tardive et très regardée,  il présentait son dernier film d’alors,  « le Renard Jaune », face à lui  Natacha Polony et  Aymeric Caron (Laurent Ruquier, « Modérateur »). Nul ne s’étonnera d’apprendre que lors de cette émission,  Jean-Pierre Mocky,  les a très rapidement  traités de cons, leur a dit qu’ils représentaient exactement ceux qu’ils n’aimaient pas.   Les deux journalistes n’étaient pas de reste, dans un autre genre, une autre grossièreté.

On peut être gêné par le style de prise de parole de Jean-Pierre Mocky, mais il a souvent eu le mérite de mettre en lumière verbiages et impostures, et à travers ces deux journalistes d’un soir,  l’imposture et la vacuité générale de ces gens qui font l’opinion.  (Comme avant lui l’ont fait Thomas Bernhard et quelques autres)  

Et dans cet orage, il y avait tout Mocky : « Vous démolissez un film qui n’a pas de pognon et qui fera 15 spectateurs ! Foutez-moi la paix ! » « Il y a toujours eu des gens comme vous » (et Il cite des  cinéastes empêchés de travailler pour les mêmes raisons).

Mocky pour ce film comme pour tous les autres, a tourné sans argent, là c’est un copain « Marchand de Vin », « C’est Jean Bellaïsch, qui a financé le film,  quelqu’un qui aime le cinéma et qui s’y connaît »  

Je me souviens qu’alors nous nous étions précipités pour voir « Le Renard Jaune » dont la distribution, comme souvent chez Jean-Pierre Mocky était prodigieuse. Et comme presque toujours, nous avons aimé.  Mocky a travaillé avec les meilleurs acteurs, meilleurs opérateurs, meilleurs musiciens. Ces gens l’aimaient, et il les aimait, il les connaissait mieux que personne, car si cet homme pouvait être bourru, il devait aussi être  amical et c’était  une encyclopédie vivante du cinéma, à l’égal d’un Tavernier. 

Je recherche dans ma vieille collection de « L’autre Journal » j’ai retrouvé un numéro de Mai 1986 »,  c’est une  splendide revue de Michel Butel, et je tombe alors sur un article de Paul Sabini « Mocky, donc aime faire des films et pourtant, depuis quelque temps, ceux pour qui il les fait n’ont pas le temps de le lui rendre. Ces films comme dit la comptine, font trois petits tours et puis s’en vont des salles, parce que ceux qui tiennent le marché aiment beaucoup l’argent et que lui n’en rapporte pas assez…Mocky, lui, réussit à dissoudre la gangue  qui étouffe le travail des autres, de ceux qui lui ressemblent. »

La vie de Mocky  c’est le cinéma, il a commencé avec les plus grands, et fut même un acteur, il l’est demeuré en tous points.  Mais, c’est le réalisateur anar que je préfère, lui et son œuvre ne font qu’un. Il y aura un temps où l’on considérera l’ensemble plutôt que de dire « il a fait le meilleur et le pire ». En attendant, si je ne me sens nullement qualifié pour qualifier son travail , j’imagine tout de même que c’est un chef-d’œuvre.

Mocky, c’était un homme libre qui  a fait un cinéma qu’on ne voit que rarement. Si l’argent  fut un frein, le néopuritanisme de ces dernières décennies en fut un autre. Mais restons confiants,  la galerie des personnages qui  sévit désormais sous d’autres déguisements que ceux  de ses curés trouvera ses Mocky, car  Mocky est éternel.

Je joins deux liens, Strip Tease pour sa drôlerie (mais on y voit aussi l’homme dans l’action, pressé, inquiet, sans un rond )

Et j’ai eu plaisir à écouter Vladimir Cosma et surtout Jean-François Stevenin, qui parle très bien de Mocky.

STRIP TEASE – Le parapluie de Cherbourg – YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=rrbXkUvOTVg

https://www.franceinter.fr/emissions/le-6-9/le-6-9-09-aout-2019

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