« Indivisibili » d’Edoardo de Angelis

Le sujet c’est l’attachement, l’amour viscéral, fusionnel, comment s’affranchir pour pouvoir s’échapper, vivre sa vie, en affronter les dangers, seul (e) tout d’abord. Être un individu, être reconnu comme tel. Avoir le droit,  être autorisé à fonctionner sans les autres.

Dans le film, la situation de base est extrême puisqu’ il s’agit de soeurs siamoises et que, s’apprenant « divisibile », la volonté de Daisy d’être coupée, séparée de corps de sa soeur Viola, est unilatéral.  Ce sujet de l’aliénation a souvent été traité dans dans d’autres cas d’amour  : une mère et son fils, sa fille, un père et sa fille, un frère et une soeur, deux amants, deux amis.

Le sujet c’est aussi l’exploitation de l’homme par l’homme,  ici l’exploitation de siamoises par leur père,  abject, sans vergogne, bourré, de certitudes, aussi. Exploitées par leur mère qui continue à se punir d’avoir enfanté cette enfant double dans deux corps soudés. C’est « la faute » de la génitrice a priori, toujours.

Le sujet c’est aussi la religion et autres sectes avec sa kyrielle de gourous et de disciples, d illuminés, d’aliénés.

C’est une film réaliste, agrémenté de quelques miracles, de clins d’oeil à l’italienne. Une réalité bien sordide dans un décor de désolation avec bétonneuse devant la fenêtre de la chambre. Avec des scènes d’une vulgarité crasse comme celle de la fête de communion de la petite meringue rose boursouflée ou celle de la « party » sur le bateau.

C’est un film qui, d’emblée, place le spectateur dans une situation de voyeurisme insupportable.

Et j’y ai vu un sujet sous-jacent malsain : le fantasme sexuel masculin pour deux très jeunes filles « collées », indivisibles.

Ce n’est pas montré mais, hélas, on le voit quand même. Polluant.

J’aurais peut-être pu faire l’impasse sur ce film mais pas grave, c’est du cinéma.

Ici, à  Prades et partout, vive le cinéma !

Marie-Noël

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