« GLORY » Slava (Слава) de Kristina Grozeva et Petar Valchavov


Film bulgare (vo, avril 2017, 1h41) de Kristina Grozeva et Petar Valchanov avec Margita Gosheva, Stefan Denolyubov et Kitodar Todorov

Titre original : Slava
Distributeur : Urban Distribution

Synopsis : Tsanko, un cantonnier d’une cinquantaine d’années, trouve des billets de banque sur la voie ferrée qu’il est chargé d’entretenir. Plutôt que de les garder, l’honnête homme préfère les rendre à l’Etat qui en signe de reconnaissance organise une cérémonie en son honneur et lui offre une montre… qui ne fonctionne pas. Tsanko n’a qu’une envie : récupérer la vieille montre de famille qu’on ne lui a pas rendue. Commence alors une lutte absurde avec le Ministère des Transports et son service de relations publiques mené par la redoutable Julia Staikova pour retrouver l’objet.

Affreux, « bête » et, à la fin, méchant.

Glory m’a plu. Beaucoup.

Tsanko est sale, même le jour des félicitations et récompense du ministre. Il s’était « mis propre » mais ne l’est pas resté longtemps … Il est affreusement sale, son logis est misérable. Sa saleté et ses odeurs pourraient être un formidable bouclier,  repoussant ses semblables (auxquels il ne ressemble pas) et les tenant à l’écart. Mais non. Tous le côtoient, l’approchent, lui font endosser leurs vêtements, car ils sont tous plus « crasseux » les uns que les autres. Eux, c’est à l’intérieur.
La vie de Tsanko est réglée sur les minutes, les secondes de sa Slava hors d’âge, et il suit la voie ferrée muni de sa lourde clé à resserrer les tirefonds. Il fait chaud. On a chaud et cette eau ruisselant sur sa tête aussitôt recouverte de la casquette, fait du bien, mouille un peu tous ces cheveux longs hirsutes et poils de barbe. Une barbe qui ne sera jamais rasée, il en a fait le serment.
Les chemins de traverse ne sont pas de son ressort mais pourtant il y aurait tant à faire … Il l’a signalé à son chef puis au ministre en lui précisant bien que son chef, au courant des sorties de route, n’entreprend rien.
Quand on le voit devant tous ces billets qui lui volent dans les mains, on se réjouit de sa chance. Mais Tsanko est honnête jusqu’au bout de ses ongles salis, et il remet le pactole à la police. Mais faut-il être bête !!!
Pourtant, jusque-là, tout va encore bien. Ca se gâte quand, à Sofia, on va toucher à sa seule richesse : sa montre Slava, une vraie, offerte par son père, et qu’on va mettre la vie de ses lapins en danger. Ses gros lapins gris qu’il caresse dans le sens du poil avant de les passer, chacun leur tour, à la casserole pour améliorer son bouillon clair à l’oeuf.
A Sofia, on lui offre, en guise de récompense pour son civisme, une montre Slava, une neuve, made in China, qui ne marche pas, ce qui, pour son travail, est très handicapant.
Et surtout on lui a pris la sienne qu’il va tout faire pour tenter de récupérer dans un dialogue de sourds (Tsanko bégaie sévèrement) avec tous ces fonctionnaires agités qui se moquent bien de savoir où se trouve l’objet en question devenu le symbole du gouffre entre les nantis et les nécessiteux.
Une montre, Julia Staykhova,  40 ans, la responsable des relations publiques au ministère, en a une dans le corps. Mais, toute à sa fuite en avant, à sa course éperdue vers la réussite sociale, malgré les avertissements de son mari, elle défie le Temps. L’inversion des rôles établis, l’homme voulant « materner » et la femme « réussir », est symbolisé par la scène où on voit, chez eux, le mari en peignoir douillet à gros pois face à sa femme au corps toujours contenu, sanglé.
Le journaliste qu’on espérait être le salut du cheminot, s’avère être une planche pourrie. Il fait le buzz à la télé et passe à autre chose.
Comment Tsanko peut-il être aussi naïf et balancer ses collègues dans le Pab ?
Ils le battent à mort et quand Staykhova, dans un sursaut d’humanité, vient, en personne, lui rapporter la montre retrouvée, Tsanko, filmé en contre plongée, se dresse devant elle, tondu, rasé, balafré, sanguinolent, effrayant et on entend le tintement de son lourd outil de serrage.
S’il n’est pas mort, il a fini par devenir méchant.
Et cette dernière image est réjouissante.
Merci (on aura appris par ce film que merci se dit mersi en bulgare)

Marie-Noël

 

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