Compétition officielle de Mariano Cohn et Gaston Duprat

Mariano Cohn et Gaston DupratCitoyen d’honneur, film Cramés en 2017 ! Avec, déjà, Oscar Martinez dans le rôle du personnage principal, Prix Nobel de littérature, qui répond à l’invitation des habitants de son village d’origine où il est sacré Citoyen d’honneur. Un film inoubliable.

Mariano Cohn et Gaston Duprat signent cette année Compétition officielle , où on retrouve Oscar Martinez dans le rôle de Ivan Torres, comédien de théâtre radical aux côtés de Penelope Cruz, LA Lola Cuevas, célèbre cinéaste et Antonio Banderas, en Felix Rivero, star hollywoodienne multi récompensée. Cet assemblage improbable entre trois personnage est le cœur du film qui raconte comment Humberto Suarez (José Luis Gomez) un homme d’affaires devenu milliardaire dans l’industrie pharmaceutique, se retourne sur sa vie et décide de faire quelque chose pour laisser une empreinte dans l’Histoire.
La fondation, c’est déjà fait … Cette empreinte, ce sera un film !
Il ne connait rien au cinéma, ni d’ailleurs du prix Nobel dont il a acheté les droits -il ne lit jamais de livres-, mais il va se lancer dans la production pour sa gloire personnelle. Il engage alors les meilleurs, tous trois reconnus par l’ensemble du public car le but final est de se distinguer et d’être en compétition officielle des plus grands festivals !
Compétition officielle montre, de façon caricaturale, les batailles d’ego non stop et tous terrains que se livrent tous les personnages. C’est une satire sur le milieu du cinéma d’auteur où chaque mot peut être décortiqué, répété cent fois mais sur le cinéma, en général.
C’est surtout une réflexion sincère sur l’art et la création cinématographique et, au-delà des excès, dit la passion qu’il faut pour créer un film qui vient du coeur, une oeuvre unique et personnelle illustrée par le volumineux book de travail de Lola, compréhensible d’elle seule.
Compétition officielle montre aussi le confort offert par la mégalomanie d’un industriel et dont la réalisatrice se saisit et s’y vautre pour faire aboutir le film qu’elle porte en elle. Ses acteurs l’intello comme le populaire sont au diapason pour proférer des critiques, évidemment sexistes, contre ses méthodes et en douce, derrière son dos, ménageant la chèvre et le chou. Lola va tout se permettre pour les faire exploser à ses yeux et faire ainsi sortir la substantifique moelle de leurs tripes jusqu’à utiliser une broyeuse de métaux pour « manger » leurs prix et les mettre à nu et suspendre un rocher au-dessus de leurs têtes pour les obliger à aller là où elle veut qu’ils aillent. Avec Lola Cuevas, les règles de la bienséance, physique et psychologique, sont à oublier. Et le budget est ici sans limite. Elle est libre.

Compétition officielle est une œuvre à la fois drôle et burlesque (les détails cocasses foisonnent), brillante de mise en scène et d’interprétation avec ce trio d’acteurs haut de gamme jouant ici une partition en or mais c’est d’abord un film troublant où l’amour du cinéma transpire, suinte, à tout instant. Le cinéma repose avant tout sur un engagement profond, une foi sans limites en l’art de raconter des histoires et une abnégation souvent douloureuse et où la fin peut justifier tous les moyens.

En (très gros) plan final, Lola nous dit face caméra que, parfois, certains films ne finissent pas, continuent à hanter leurs créateurs.

A nous, spectateurs, les films qui se prolongent dans nos têtes et continuent à y résonner longtemps, c’est ce qui peut arriver de mieux.

Compétition officielle, pour moi, fait partie de ceux-là.

Marie-No

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