« Chez-soi »Bande à Part de J.L Godard

Juste avant la guerre, nous sommes passés prendre quelques films à la médiathèque de Montargis.  Dedans, quelques films de Jean-Luc Godard, « Bande à Part » est le premier de cette série que nous regardons. (Rien que le titre est amusant, il nous parle autant de Godard, que du film, que de la situation actuelle). Nous sommes en 1964, c’est son 7ème film, il vient de terminer le Mépris, ce film a été fait avec trois sous et trois formidables acteurs, Anna Karina (Odile) , Sami Frey (Frantz) , Claude Brasseur(Arthur).  Le scénario du film est une adaptation de « Pigeon Vol de Dolorès Hitchens, paru dans la Série Noire. Un critique dit que c’était un film cadeau pour Anna Karina, car il y avait de l’eau dans le gaz dans leur couple, Anna était déprimée, et Jean Luc Godard, a voulu lui faire jouer des scènes à son goût,  où elle pourrait  aussi danser et chanter, ce qu’elle aimait beaucoup.  

Que dit le Pitch ? « Les mésaventures tragi-comiques de deux malfrats, Frantz  et Arthur, qui avec l’aide d’Odile, jeune fille naïve, tentent un coup minable : dérober une somme d’argent volée au fisc par l’oncle d’Odile ». Un triangle vaguement amoureux, un scénario franchement mince, une sorte Bush Cassidy et le Kid avant l’heure ! (c’est peu dire).  Ce qui m’a interessé dans ce film, c’est 1964, celui de Patrick Modiano, de Léo Mallet, de Manchette et quelques autres. Avec ses maisons plates et ses rues tristes, ses simca pseudo-américaines… et ce que j’ai aimé avec un peu de nostalgie, ce sont  les manières d’être au monde de cette époque-là, de se vêtir, d’occuper l’espace, de se parler. La presse, les informations, (Arthur nous lit un article sur les Tutsi et les Hutu). Ensuite, il y a ce style « nouvelle vague », avec sa décontraction, sa liberté, et sa pertinence /impertinente  et  sa drôlerie qui préfigurent mai 1968. Mais cette nouvelle vague ne serait-elle pas tout compte fait, un reflet du monde de l’époque. (Qu’on se souvienne de la tonalité, de l’air du temps de certains documentaires  de Jean Rouch ou de Chris Marker).  

Et puis il y a l’ambiance sonore, la voix of,  l’univers musical de Michel Legrand à la minute de silence (très drôle). 

Quant au hold-up il n’est que prétexte à nous faire regarder vivre ensemble ces  trois personnages,  l’humour partout,  le résumé du film au bout de 8 minutes pour les retardataires, un cours d’anglais pour adulte ;   une superbe danse : un Madison incongru, mais qui va tellement  de soi ;  une absurde mais nécessaire visite de musée ; les blagues ( Odile : « vous devriez changer votre air con contre une R8 »)  puis vient ce braquage foutraque et en guise de Happy End… Frantz nous offre une conclusion  « raisonnable » de l’affaire.  

Fin. 

PS 1) Je suis bien conscient d’être un peu nostalgique, peut-être vous aussi, pour le voir, sauf si vous l’avez chez vous, il vous faudra attendre la réouverture de la médiathèque…

PS 2) Vous avez-vu dans le titre, je vous ai épargné « on est chez soi! »

PS 3) Il me semble que l’air du temps de notre époque est parfaitement représenté par Matthieu Barreyre (L’époque)

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