« Les Bienheureux » de Sofia Djama

Un premier film ample d’une maîtrise époustouflante

Alger filmée comme jamais …            

l’ Algérie de 20 ans après la guerre civile racontée comme jamais.

Des acteurs magnifiques    

A voir, croyez-nous (Annie et moi), en priorité !

Pour notre WE Jeunes Réalisateurs, il aurait été top

Marie-No

« 12 jours » Raymond Depardon (3)

C’est dommage, Marie-No que tu n’aies pas assisté à la présentation du film par Georges et entendu les différentes réactions à la projection de ce film. Evidemment, nous n’avons pas quitté la salle avec des certitudes mais avec la connaissance d’un dispositif que pour ma part, j’ignorais et une grande perplexité devant la position de tous les protagonistes : malades, soignants et juges.
Je pense qu’il faut préciser le rôle du juge de la liberté et de la détention (JLD). Il est là pour contrôler que le maintien en hôpital psychiatrique sous contrainte se fait conformément à la loi, que l’évaluation de l’état de santé du patient a bien été effectuée par l’équipe médicale, que ce maintien n’est pas reconduit mécaniquement. Il ne prend pas position sur la maladie elle-même, il n’est pas soignant. Cela ne veut pas dire que, parallèlement, la situation du patient ne peut pas être étudiée par d’autres juridictions. Tu parles de la personne employée chez Orange : la situation de ces salariées a été portée devant les prudhommes, certains malades en burn-out ont été reconnus en maladie professionnelle avec tous les droits que cela leur procure mais cela ne relève pas du JLD. Mais, je ne suis pas vraiment apte à parler de cela de manière suffisamment éclairée. J’ai trouvé un article de Rue 89 qui a interrogé des JLD de l’USM (principal syndicat des magistrats) qui répond mieux que moi à nos interrogations.

Psychiatrie : dans la tête des juges qui décident d’interner sous … – L’Obs

« Citoyen d’honneur » de Mariano Cohn et Gaston Duprat (2)

 

CITOYEN D’HONNEUR

 Goya du Meilleur film étranger en langue espagnole et Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculineSoirée-débat mardi 11 avril à 20h30

 Présenté par Georges Joniaux

Film argentin (mars 2017, 1h57) de Mariano Cohn et Gastón Duprat avec Oscar Martinez, Dady Brieva et Andrea Frigerio . 
Titre original : El ciudadano ilustre

 

Je ne sais pas si Citoyen d’Honneur va réaliser beaucoup d’entrées en France, mais une chose est sûre, il le mérite, ce film a suscité une multitude d’articles de critiques et cinéphiles. C’est avec une belle unanimité qu’ils le décrivent :

1) Citoyen d’honneur et le cinéma :

« Une comédie inconfortable. Une comédie qui n’en est pas une. Une Evocation grinçante, ironique, cynique, généreuse et tendre. Une réalité cauchemardesque, hilarante et tourmentée…Mais tout de même une comédie fine et mordante.

Un petit bijoux drolatique, décapant voire cruel, tendre et mélancolique

Une comédie caustique, maline, subtile mais aussi déboussolante et inclassable…

Elle n’en manque pas moins de tendresse envers ses personnages. -Personnages complexes, fouillés et parfois contradictoires-

Une mise en scène élégante ».

Derrière les mots pour le décrire, Citoyen d’Honneur, produit chez les auteurs, des associations, des liens les plus variés avec d’autres œuvres. Je me propose ici de présenter quelques références citées, et d’en suggerer d’autres.

Commençons par deux références de Grégory Valens dans Positif :

Providence d’Alain Resnais, le héros fait en une nuit un voyage au bout de lui –même, entre imaginaire et réalité.

-L’antre de la folie de John Carpenter, voici le synopsis : John Trent est enquêteur pour les assurances. Il est chargé, de retrouver Sutter Cane, un écrivain à succès qui a disparu. Durant ses investigations, John se rend compte que le monde d’épouvante apparemment fictif créé par Sutter Cane serait en fait bien réel.

Deux références qui interrogent le rapport entre la réalité et la fiction. Notons que les facétieux Cohn et Duprat, jouent avec leurs spectateurs, je crois  me souvenir qu’on entend quelque chose comme « la réalité dépasse la fiction »… Mais c’est une fiction qui nous dit cela à nous, les spectateurs ! Et d’ailleurs Mantovani, leur génial écrivain, ne dit-il pas, « les faits n’existent pas, ils ne sont que des interprétations » !

D’autres commentaires sont plus sensibles à l’atmosphère :

L_Huitre  :« David Lynch, avec des personnages bizarres qui défilent dans des scènes irréelles, et vont donner à notre écrivain une série croissante d’émotions »

Où encore à la tonalité et à la forme du film font un rapprochement avec le mouvement DOGME 95 (Lars Van Trier et Thomas Vinterberg) soit « le rapport entre l’ironie et le sérieux, l’engagement et l’opportunisme etc ».

Plus convaincantes que ces deux dernières, la référence au cinéma italien, celui des Dino Risi, Luigi Comencini, Etore Scola, et c’est à juste titre que nombre de critiques ont rapproché ce film de l’autre argentin Damian Szifron « les nouveaux sauvages » qui est lui aussi digne successeur de ce fameux cinéma italien. Pour ce qui me concerne, à propos de Citoyen d’Honneur,  j’ai souvenir de « les monstres » et « l’argent de la vieille ».

Il  semble aussi que Cohn et Duprat ne renieraient pas l’influence Roumaine, témoin, ce clin d’œil de Mantovani : « vous verriez ma chambre d’hôtel, on se croirait dans un film roumain », mais tous le décor de Salas pourrait être d’un film Roumain. Et avec leur manière de tourner, et les personnages, tout est roumain, c’est à dire minimaliste, pauvre.

Mais au total, le cinéma de ces deux là, s’il est bien tout cela,  est assurément argentin et personnel, aucun système de référence ne les enferme. Ils jouent avec les références comme un chat avec une pelote de ficelle.

2) Citoyen d’Honneur et la littérature :

Une blogueuse, Cosette 2010  observe que cette histoire ressemble beaucoup au Livre de Joe de Jonathan Tropper, « un écrivain, lors de la mort de son père va retourner dans son village, après avoir quelque peu honni et dénigré cette bourgade et ses habitants dans son roman à succès intitulé Bush Falls, il est quasi certain qu’on ne va pas l’accueillir à bras ouverts »…Troublant ! mais pas tant que ça…  Les réalisateurs le citent d’un clin d’oeil lorsque l’intrusif Florencio jette au public de Mantovani : « Il n’est même pas venu à l’enterrement de son père !».

A la sortie du film, Michel Grob, un cramé de la bobine, observe justement, avec Thomas Sotinel (in le Monde du 06.03.2017),  que Salas fait penser à Amacata dans un Roman de Garcia Marquez. La liste des lieux imaginaires est immense, se référer au prodigieux écrivain argentin Alberto Manguel.

En ce qui me concerne pour ce personnage, je suggère des ressemblances entre Mantovani et Thomas Bernhard qui n’a jamais été prix Nobel, mais qui a écrit en 1980,  « Mes prix littéraires » qui sont « comme un précis du talent sarcastique, mordant, irrévérencieux et furieusement drôle…   de leur auteur ».

Mais n’oublions pas que nous sommes au pays des Borges, Cortazar, Sabato, et de nos jours d’Alberto Manguel, et de bien d’autres remarquables par leur imaginaire, tous pétris de culture Espagnole, Argentine, Universelle. Tous ces écrivains qui ne sont pas devenus « Nobel » mais qui comptent tout de même de grands classiques de la littérature mondiale. (Alors qu’à brûle pourpoint,  qui pourrait citer de mémoire dix prix Nobel de littérature ?)

Et ce film rend hommage au premier d’entre eux, Jorge Luis  Borges, en témoigne cette bibliothèque de Babel de Mantovani… mais surtout,  laissons parler Encyclopédia Universalis : « Pour Borges, le fantastique est consubstantiel à la notion de littérature, conçue avant tout comme une fabulation, un artifice fait de chimères et de cauchemars, gouverné par l’algèbre prodigieuse du songe, mais un songe dirigé et délibéré »

Ce qui est sûr, c’est que ce mardi aux Cramés de la bobine, nous avons joyeusement aimé un film malicieux et… complexe .

« Nous nous marierons »de Dan Uzan

 

Film français (février 2017, 1h16) de Dan Uzan

Avec Karim El Hayani, Faten Kesraoui, Sylvia Berge et Sofiane Kesraoui,

Synopsis : Karim, jeune boxeur d’un club de banlieue a deux passions dans la vie : la boxe d’abord pour laquelle il s’entraîne dur afin de réaliser son rêve : devenir ‘’champion’’ Faten, une jeune femme divorcée qui élève seule son enfant et qu’il veut épouser.

« Quatre boules de cuir tournent dans la lumière
De ton œil électrique, Boxe, Boxe, »  Claude Nougaro

Voici un film pour tous ceux qui aiment la boxe, et pour tous ceux qui ne l’aimant pas aiment le bon cinéma. Ce film prend sa place parmi les 70 films de boxe recensés par sens critique.com. On peut supposer que les réalisateurs et cadreurs aiment se mesurer à ce sport. La boxe doit les faire devenir boxeurs ou maître de ballet (je ne sais). Mais sur ces 70 films, les plus beaux nous parlent d’autre chose, presque toujours. Récemment encore, il y a eu l’histoire d’Olli Mäki cet ouvrier finlandais, grand champion, mais amoureux de Raïja. Un authentique petit bijou ce film ! J’y pense encore. Mais ne nous égarons pas et revenons à Levallois (par la ligne 3, descendre à Louise Michel) c’est là que ça se passe.

Il y a dans les salles de boxe à Levallois comme ailleurs des petits jeunes des cités, de parents émigrés et de condition modeste, voués à ne pas trouver de travail de toutes les façons. Et comme ces jeunes ne veulent pas dealer, ni tenir les murs de leurs entrées de HLM, ils viennent dans les salles de boxe et ils s’entraînent dur. Ils ne pensent qu’à ça. Chaque minute de souffrance à l’entraînement fera leur jour de gloire…un jour. Il faut y croire, et chacun d’entre eux le peut. Et puis, il y a l’amitié du champion qu’ils voient s’entraîner dans le même club, et qui leur dit bonjour. Ce voisinage qui unit l’exception et la règle.

Nous nous marierons n’est déjà plus l’histoire d’un aspirant, car Karim est un espoir, il vient de passer professionnel. Et aussi celle d’un soupirant, il aime Faten une jeune femme du quartier. Mais sa main gauche blessée nécessite une intervention. Qu’importe un bon boxeur ne renonce pas, il faut le mettre KO et encore, il y a des KO debout. Il y a la main de Karim et aussi celle de Faten qui mérite bien une alliance. Bref Karim aime Faten et Karim aime la boxe. Deux promesses.

Eh bien « Nous nous marierons » est aussi une belle histoire de renoncement. A quoi renoncera Karim ? Allez voir ce film, il fait entrevoir quelque chose sur la vérité, celle qu’on porte en soi, et plus encore celle qui s’impose…et que parfois on dénie, mais qui s’impose.

Enfin c’est aussi un film dont la trame sociale montre l’inanité (crasse) de certaines idéologies qu’on ne va pas citer parce qu’on les cite déjà trop et qu’en outre on est un blog qui parle de cinéma.

Georges

Capitaine Thomas Sankara

Le documentaire du mois 
Capitaine Thomas Sankara

Soirée-débat lundi 2 mai à 20h30

Présenté par Henri Fabre
Film suisse (novembre 2015, ) de Christophe Cupelin

 

Belle soirée cinématographique consacrée à un homme-intègre,  on peut sérieusement regretter de ne pas avoir pu noter les commentaires  de chacun des cramés durant le débat. Alors contentons nous de nous remémorer la première, celle d’un homme qui avait travaillé dans l’ex Haute-Volta et connaissait les faiblesses et les aspirations de ce peuple et la dernière qui nous informe que nous pouvons agir avec des femmes et des hommes qui vivent au Burkina Faso  à l’exemple de :

www.zebu.net

 

 

Vierge sous Serment (1)

Les Vierges Jurées :

Signalons 3 sites internet très éclairants sur cette question. Il semble que la première référence ait largement été utilisée par certains critiques du film.

-Laurence Herault 2009 -Les vierges jurées en Albanie-https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00438673/document

-Les dernières « vierges jurées » d’Albanie – Vidéo Ina.fr

Jill Peters www.jillpetersphotography.com

Jacqueline Derens*(1) nous conseille une lecture  :

-L’étude anthropologique d’Antonia Young traduite par Jacqueline Derens qui vient d’être publiée aux editions Non Lieu complétée par une introduction de Nicle Pellegrin et le reportage de Jacqueline Derens  sur celles qu’elle a rencontrées en Albanie en 2007.

…Et aussi le roman qui a librement  inspiré le  scénario  :

-Evira Donès : Vergine giurata, Milano : Feltrinelli, 2007

 

Nb :*(1)  Signalons mais c’est un autre sujet,  que parmi les ouvrages  de Jacqueline Derens il existe aussi : Dulcie September Le Cap 1935-Paris 1988. Une vie pour la liberté ? de Jacqueline Dérens co-édition Arcueil Non lieu.