Une photo de Pauline

Amis Cramés de la Bobine bonsoir,

Pauline qui suit le blog nous fait remarquer que parfois les films que nous avons vu à l’Alticiné aux Cramés de la Bobine résonnent avec des événements actuels. Et elle nous fait parvenir cette image . Notre question du jour est : Quel film, quel réalisateur et quel événement ? Nous publierons les réponses.

Question difficile, mais tout de même deux bonnes réponses, Laurence et Henri. De Laurence nous reproduisons la réponse : Le vénérable W de Barbet Schroeder présenté par Eliane en juin 2017. J’ai retrouvé par association d’idées: des moines boudhistes, la situation actuelle en Birmanie et j’ai pensé à ce doc qui m’avait beaucoup impressionnée et inquiétée à l’époque. Bravo Pauline!

Les Quizz de Chantal(3), réponses à notre dernier jeu

Voici les réponses en résumé et vous trouverez ci dessous, des réponses plus détaillées et illustrées.

Le crime était presque parfait (Dial M for Murder 1954)
La mort aux trousses (North by northwest 1959)
Les enchaînés  &  Fenêtre sur cour  (Notorious 1946 & Rear Window 1954)
Les enchaînés  &  Le crime était presque parfait  (Notorious 1946  & Dial M for Murder 1954)
Psychose   (Psycho 1960)
Le rideau déchiré (Torn Curtain 1966)

            LE CRIME ÉTAIT PRESQUE PARFAIT (1954)

                 Les 3 objets importants sont : un téléphone, une clé, et une paire de ciseaux.

le crime était presque parfait

  Le téléphone est évoqué directement dans le titre original : Dial M for Murder, qui signifie littéralement : ‘Composez M pour meurtre’ 

LES ENCHAINES

Les Enchaînés

   Les objets importants sont : la clé qui ouvre la cave, une bouteille de vin remplie d’uranium, une paire de jumelles qui permet non seulement de regarder la course mais de garder un œil sur Sebastian qui lui-même épie sa femme (Ingrid Bergman) avec ses jumelles.

La clé, élément essentiel, apparaît sur l’affiche comme pour Le crime était presque parfait.         

LA MORT AUX TROUSSES (1959)

 

Ce film regorge d’objets importants dans des scènes emblématiques: 

l’avion, bien sûr, sans oublier un revolver de théâtre, et une pochette d’allumettes. 
Et puis il y a les lieux, point culminant le mont Rushmore,
les moyens de transport,le double langage,
l’ironie même de Roger Thornhill.
Dans ce film, Hitchcock joue avec Roger Thornhill tout comme il joue avec nous. Un pur régal à regarder encore pour oublier la morosité ambiante. 

LE RIDEAU DÉCHIRÉ (1966)

UN film peut-être moins connu, un choix d’acteurs inattendu, un film au rythme soutenu qui se   déroule en pleine guerre froide, derrière le rideau de fer, le monde de l’espionnage scientifique ou comment extirper une formule du cerveau d’un savant russe… et cette terrible scène de meurtre qui dure, qui n’en finit pas, un meurtre qui est « exécuté avec les moyens suggérés par le lieu et les personnages »*…..Hitchcock dit qu’il était « temps de montrer combien il est difficile, pénible et long de tuer un homme.»*

*Citations tirées de Hitchcock/Truffaut, édition Ramsay, 1983

 

PSYCHOSE (1960)

Scène de la douche :

On ne présente plus Psychose, on regarde le film sans broncher, admirant tous les plans. Savez-vous d’où vient le modèle de la maison inquiétante de Norman Bates ? Elle est inspirée par un tableau d’Edward Hopper, House by the railroad (1925)

Si vous avez du temps, regardez cette vidéo : « Hitchcock presents Psycho » :

          

 FENÊTRE SUR COUR (1954)

On se souvient davantage de l’énorme téléobjectif vissé sur l’appareil photo de Jeff, le photographe à la jambe cassée, que de sa paire de jumelles: son  appareil photo ainsi équipé lui permet de plonger davantage dans l’intimité d’un voisin aux agissements troublants.  

Curieux ce film presque statique, presque en huis clos, où nous sommes tous voyeurs…

Ah, les plans miroirs chers à Hitchcock, que l’on retrouve dans tant de films : reflet dans une paire de lunettes, dans un verre, ou dans l’objectif.  Hitchcock est vraiment l’inventeur de ce type d’image ! 

Ce film est tiré d’une nouvelle de Cornell Woolrich, plus connu sans doute sous son pseudonyme, William Irish.

Réponse Hitchcok ou le jeu d’Ombre et Lumière

1 & 2) L’inconnu du Nord-Express / Strangers on a Train, 1957 (Farley Granger & Robert Walker)
3) Soupçons / Suspicion, 1941 (Cary Grant & Joan Fontaine)
4) Psychose / Psycho, 1960 (Janet Leigh & John Galvin) 
5) Rebecca, 1940 (Joan Fontaine & Judith Anderson)

L’énoncé de la question portait sur 3 films alors qu’il y en avait 4. le Blog des cramés vous prie de bien vouloir l’excuser de cette erreur. N’empêche les trois championnes ont fait encore un score impressionnant. Merci à Dominique, Marie-No et Laurence de leurs réponses. Pour ceux qui n’ont pas cherché et ceux qui n’ont pas trouvé, disons-le, même sans questions, ces photos choisies par Chantal sont belles et nous avons eu plaisir à les regarder. Nous terminerons cette série Hitchcok Samedi ou Dimanche. Merci de votre fidélité. Amitiés cinéphiliques!

Voici les réponses pour LES PROMENADES EN VOITURE (les Quizz de Chantal) :

Comme souvent, Marie-No 5/5, puis Laurence. 3/5 ont trouvé, elles sont très fortes ! Vous aviez trouvé ? Vous pouvez nous le dire, vous trouverez plus bas une adresse mail pour répondre.

Pour tous ceux d’entre-nous qui n’ont pas trouvé, Chantal nous donne les réponses :

  1. La main au collet / To Catch a Thief, 1955 (Cary Grant & Grace Kelly)
  2. Jeune et Innocent / Young and Innocent, 1937 (Nova Pilbeam & John Longden)
  3. Les Enchaînés /Notorious, 1946 (Cary Grant & Ingrid Bergman)
  4. Rebecca,1940 (Laurence Olivier & Joan Fontaine)
  5. Soupçons / Suspicion, 1941 (Cary Grant & Joan Fontaine)

Et c’est amusant, qui a créé ce genre de cadre ? On ne serait pas étonné que ce soit Hitchcock, en tous les cas, il le mériterait, voici d’autres exemples :

Pas de printemps pour Miss Marnie – Alfred Hitchcock
A son tour, Claude Lelouch dans un homme et une femme
Et ce dernier clin d’œil avec les valseuses, Bertrand Blier

En attendant l’Alticiné

Amis cramés de la bobine, bonjour,
Vous trouverez ci-dessous le premier épisode d’une nouvelle rubrique : « les quizz de Chantal ». Nous espérons qu’ils vous plairont, nous comptons sur vos réponses, tout autant sur vos suggestions, vos articles ou vos rubriques. Ce blog est à vous.
Merci de nous lire et pourquoi pas, au plaisir de vous lire ici même!

Devinette du W.E

Maïté nous envoie cette devinette, si vous trouvez la réponse, vous pouvez la signaler à georges.joniaux45@orange.fr

Mésaventure coennesque

En ces temps difficiles, qu’il est agréable de rêvasser ou lire devant un bon feu de cheminée. Ce qui l’est moins, c’est de devoir se rendre au fond du jardin pour vider les cendres dans le bac à compost. C’est ce que j’ai fait ce matin, mais je n’ai pas pris garde au vent qui soufflait fort et… dans ma direction. Vous devinez la suite !
Ce qui m’est arrivé m’a fait rire car ça m’a rappelé une scène d’anthologie d’un certain film dont vous aurez sans doute trouvé le titre, même sans photo ! Maïté

Réponse : Maïté pensait sans doute à The Big Lebowski des frères Coen. Vos devinettes sont toujours bienvenues! Bon dimanche

En attendant Alticiné (4)

Ce n’était pas si facile, ci dessous vous avez peut-être reconnu deux documentaires : « A la recherche de Vivian Maier », film de John Maloof et Charlie Siskel, Sur cette photographe géniale.
et dessous  » La maison de la radio » de Nicolas Philibert et on y reconnait en effet Fréderic Lodéon lors de son émission « Carrefour de Lodéon » qui était le fameux 16-17 classique de France Inter…. Merci à Marie-No. A partir de Lundi nous commencerons une série de ciné-photos proposée par Chantal.

Cette fois-ci, Marie-No nous envoie deux images et un indice : Ce ne sont pas des fictions… Sauriez-vous trouver de quels films elles viennent ?

Le journal de Dominique (9)

Josette de Christian Jaque

Nous voici de nouveau devant un écran pour voir, dans le cadre d’un « Voyage au cœur du cinéma français des années 1930 » proposant « une sélection de raretés et d’incunables issus des collections de la Cinémathèque française », Josette…

(Résumé dans le programme de la Cinémathèque : « Une fillette dont la mère est malade est recueillie par un voisin » et par Wikipédia : « Albert Durandal adopte la fille d’une ouvrière, envoyée dans un sanatorium, et recueille également un vieillard à bout de force qui n’est autre que le richissime Rothenmeier. Ce dernier va devenir le véritable père Noël de ces braves gens, aidant Albert à se faire un nom au music-hall et choyant intensément la petite fille. La jolie maman de Josette, alors guérie, apportera le bonheur à Albert. »)

de Christian-Jaque, 1936. Incunable, je ne sais pas, rareté sans aucun doute.

Le programme de la Cinémathèque indique « avec Josette Contandin, Fernandel » quand le générique, lui, annonce carrément « Josette Fernandel » : tout en donnant son propre prénom à l’héroïne, elle est ainsi révélée sans détours pour ce qu’elle est dans la vie, à savoir la fille de la vedette. Ce qui nous vaut un dernier plan mignon tout plein quand, après avoir magouillé (avec finesse, culot, raison et succès) pour que sa mère dans le film épouse Albert (le personnage joué par son père dans la vie -est-ce bien clair ?-) qui s’était épris d’une intrigante, elle va de l’un à l’autre, mettant sa joue contre leur joue, disant « maman » puis un « papa » à double sens (autre moment charmant : quand Josette, qui parle pointu, reprend son accent marseillais le temps d’un « Et tu te rends compte » conservé au montage).

Ceci dit : « La France aux Français » dit, tout en s’éloignant, Fernandel chanteur des rues qu’un Espagnol a supplanté…

(Ce n’est peut-être ici qu’un terme de dépit, mais difficile de ne pas penser au sens que cette expression a prise de nos jours)

… à la terrasse d’un café.

Cependant le meilleur est à venir, quand Josette qualifie de « sauvage » (« ton sauvage », dit-elle) le serviteur noir d’Albert…

(Lequel a enfin trouvé le succès en abandonnant la chanson d’amour pour un répertoire comique, interprétant Célestine -musique de Vincent Scotto- qui « a une coquetterie dans l’œil, quand on croit qu’elle va dire bonjour à Germain, c’est à Paul qu’elle tend la main, elle louche sur leurs portefeuilles, elle a une coquetterie dans l’œil »)

… suivi un peu plus tard d’un élégant « Bamboula », lequel Bamboula se voit attribuer des répliques façon Banania, « Y’a pas bon caviar, y’a pas bon poulet » qu’il exprime, comme il se doit, avec un sourire jusqu’aux oreilles, je n’en crois pas les miennes, mais si, j’ai bien entendu, ah comme il était beau le temps des colonies !

Samedi 16 septembre 2017

En attendant l’Alticiné (3)

11.01.21. Suite et fin : ci-dessous, 15 films projetés aux Cramés de la Bobine, commentés en quelques lignes … Tous les auteurs, toutes les manières d’en parler, tous les styles étaient permis, une seule règle du jeu : être bref. Nous remercions tous les auteurs. Dans l’ordre d’apparition, Martine, Henri (3) , Marie-No, Laurence, Georges, Dominique, Claude (2) et ce soir, Pauline clos allègrement cette série avec le 15ème film. Nous espérons que vous aurez pris autant de plaisir à lire ces articles que nous en avons eu à les écrire. Avec nos amitiés cinéphiliques et à bientôt pour de nouvelles aventures.

Il est 16h, je rejoins la salle obscure,

Film non horrifique mais qui me glace

Dans une étrange angoisse,

Plus encore que ma présence révèle sa pure Imposture,

Que je ne sois pas à ma place,

Je suis prise d’une peur bleue 

Qu’à mes yeux

Le film ne trouve pas grâce…

.

Car la semaine prochaine, ce sera moi,

Pour la première fois,

Qui aurait la chance de présenter

Au public exigeant des Cramés

Ce mariage animalier

Et si je n’ai pas aimé,

Je ne saurai le cacher…

Il y a de quoi se stresser.

.

Le film s’ouvre,

Et comme Laura au hasard d’un train nous partons,

Dans un tourbillon

Vers cet univers zoologique qu’on découvre.

.

Dans cette drôle d’incruste

Les acteurs sont si justes, 

Qu’on se laisse entraîner

Dans cette histoire débridée

Les personnages profonds et attachants

L’absurde débordant,

Les situations rocambolesques,

La danse sans prétexte,

La mise en scène d’une grande fraîcheur,

C’est un pur bonheur.

.

Ces quelques mots Artificiels

Ce souvenir d’un joyeux bordel,

Pour se rappeler

Lors de ce culturel arrêt 

Qu’à l’Alticiné,

Ce que propose les Cramés,

Bien plus qu’une soirée télé

C’est une expérience partagée.

Pauline Desiderio

P.S : J’en oublie l’essentiel ! Nous vous souhaitons une très belle année familiale, amicale et cinématographique, en espérant que les Cramés deconfinés puissent très vite rejoindre les salles, bien que l’activité créée sur le blog soit réjouissante ! Pauline

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Pauline Desiderio

Samedi 09. 01.2021 Deux de Filippo Meneghetti 

Le ballet fiévreux sur le palier d’une femme, Nina (jouée par Barbara Sokowa), du seuil de son logement à l’appartement soudain enténébré de Madeleine (incarnée par Martine Chevallier), victime d’un AVC, aidée par une assistante de vie tout aussi encombrante que ce frère et cette sœur Anna (Léa Drucker) perclus de préjugés et enfermés dans l’image d’une mère fidèle qui vivrait dans le souvenir d’un mari pourtant peu aimant. Ce ballet filmé en scope, aux dimensions d’un amour absolu, hanté par un impossible voyage en Italie, dans le huis-clos étouffant de deux intérieurs où le grand âge et l’homosexualité sont vécus dans la culpabilité et le jeu social de voisines très proches. 

Ah cette mauvaise conscience qui nous oblige à intégrer le regard des autres, ou ce qu’on croit l’être, quand il suffirait peut-être d’expliquer à ses enfants (telle la vieille dame dans La Femme-coquelicot de Noëlle Châtelet)  ̶  comme on s’y était pourtant résolu lors d’une soirée d’anniversaire  ̶  qu’on en aime un autre, une autre, dont le regard nous chavire, dont la présence insaisissable nous hante autant que sa soudaine absence pour hospitalisation. Quand le présent se fige en une éternelle attente, en des pas toujours recommencés derrière l’interdit kafkaïen d’une porte et qu’il faut mentir, jouer, ô imposture, la voisine de palier inquiète et prévenante. Quelle belle histoire d’amour, filmée comme un polar haletant ! Quelle réflexion philosophique sur l’impossible travail sur soi pour un peu mieux maîtriser ses sentiments, sources parfois de malveillance, ou comprendre ses proches, les aimer jusque dans leur mystérieux passé… ! 

Claude Sabatier

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« Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach : Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Pour que nos smartphones, nos tablettes et plus globalement les produits manufacturés que nous importons  arrivent à la date prévue Frank (Olivier Gourmet) un homme d’origine modeste qui a gravi les échelons de la compagnie est chargé de suivre les porte-containers et de gérer les incidents qui pourraient retarder l’arrivée.  Un jour de retard coûterait à la compagnie de transport maritime des dizaines de milliers d’euros.

Un passager clandestin est découvert à bord de l’un de ces navires, que faire ? Le garder à bord jusqu’à l’arrivée entraînerait des complications administratives, des pénalités et du retard à la livraison. Se dérouter et trouver un port qui accepterait le débarquement du clandestin prendrait aussi beaucoup de temps.

La décision prise par Frank sera de balancer  le clandestin à la mer (le verbe balancer est de moi, jamais Frank ne dit cela mais le capitaine du bateau comprend et exécute)

Parallèlement nous suivons sa vie de la famille, l’épouse et les enfants ne semblent pas s’intéresser au travail de leur époux ou père peut-être que cela les arrange de ne pas savoir : ce qui compte pour eux c’est le confort de leur vie matérielle, la possibilité d’avoir tout de suite le dernier smartphone. 

Il y a bien sûr dans ce film une critique du capitalisme international mais en sortant du cinéma et en consultant mon smartphone j’ai eu le sentiment d’être aussi responsable de la mort du passager clandestin. 

C’était je crois l’intention de Antoine Russbach  réalisateur  de son premier long-métrage.

Henri Fabre

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Aujourd’hui 06.01.2020- Une Valse dans les allées de Thomas Stuber 

« Une valse de Strauss dans les allées rectilignes et mortifères d’un supermarché est-allemand –une Allemagne réunifiée, pourtant guettée par la détresse sociale ; des vies vouées à l’inlassable répétition des mêmes gestes, à la conduite mécanique mais virtuose d’un chariot élévateur pour déposer des palettes et remplir le rayon des alcools – compétence que Christian acquiert laborieusement mais sûrement, sanctionnée par un examen, sous la férule agacée mais paternelle de Bruno.

Moderne solitude des espaces marchands, saturés de clients mais vides d’humanité, où une tendresse blasée, un désespoir muet se réfugient sur la plate-forme de déchargement, après le suicide de Bruno, qui se disait marié au point de recommander le silence à Christian invité un soir à boire une bière, pour ne pas… réveiller son épouse. Valse triste et lente des regards dans l’axe, Marion se retournant vers Christian. 

Valse-hésitation de l’amour rêvé, impossible rencontre entre Christian (Franz Rogowski), émouvant de timidité, de maladresse, le regard dur et lourd d’un passé prisonnier et Marion (Sandra Hüller), farouche et provocante, lutinant autour d’une machine à café mais fuyant la rage au coeur le seul homme qui, peut-être, l’eût rendu heureuse. Christian, emprunté et téméraire jusqu’à s’introduire chez Marion en arrêt de travail, déposant le bouquet de fleurs qu’il n’ose offrir à cette femme battue dont la voix sifflotante et la silhouette entrevue sous la douche le clouent de peur adolescente et de désir inassouvi. Une valse dans les allées, une loge poétique pour mettre en “échecs” la dureté du quotidien : l’espoir d’un verre, d’un rayon de confiseries, d’un barbecue improvisé à Noël, sous les lampions. Un très beau film d’amour, une chronique sociale, sans didactisme ni misérabilisme, une méditation sur le travail aliénant et la vie dévorée par le travail. Des « gens de peu » d’une rare humanité »…

Claude Sabatier

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05.01.2021. Béliers,  de Grímur Hákonarson

J’ai demandé à JC, Tu crois qu’ils s’en sortent, Les moutons, non, Et les hommes, Non plus. C’est triste, j’ai dit, mais c’est beau.

Et ça m’a donné envie de me replonger dans mon journal islandais où j’ai noté que « notre guide, prénommé Magnus, nous raconte que les moutons sont lâchés dans la nature au début de l’été et récupérés à l’automne. Le ramassage dure une à deux semaines -je veux bien le croire- et une légende raconte l’histoire de deux bergers surpris par le froid [Que ne ce sont-ils creusé un igloo comme les deux frangins du film ?] et qui reviennent hanter le désert ».

            Mais revenons à nos moutons, c’est-à-dire au film : après le concours de béliers, les participants font la fête et, par la fenêtre ouverte de la salle, on les entend chanter et alors je me mets à fredonner avec eux et à hocher la tête en rythme et je me tourne vers JC et je lui explique, Ils chantent « rideum rideum » ! Un air que Magnus avait vainement essayé de nous apprendre avec les paroles et tout (mais l’islandais…) et qu’il nous repassait sans arrêt pendant les trajets en car et l’air est à jamais gravé dans ma tête.

Rideum rideum : en fait, ça s’écrit ríðum ríðum mais ça se prononce comme j’ai écrit avant en roulant le r initial, mais ríðum ríðum ça n’est pas le titre, seulement les premiers mots. Le titre exact est Á Sprengisandi et me demandez pas ce que ça veut dire. 

            Ríðum ríðum, lalalalalala, lala, lala, lalalalala…

Dominique Bonnet

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04.01.2021, Les contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi.

« Les contes de la lune vague après la pluie » est le  film le plus connu de Mizoguchi –  « un des plus grands cinéastes japonais, un des plus grands cinéastes tout court » Godard) -, il a été récompensé par le Lion d’argent à Venise en 1953.

Comme dans la plupart de ses films les deux thèmes dominants sont la place de la femme dans la société japonaise (sa sœur a été vendue comme Geisha par son père) et son antimilitarisme (il a conservé les convictions socialistes qu’il avait dans sa jeunesse)

Les désirs des hommes et des  femmes sont contraires, Genjuro le potier veut faire fortune en profitant  de la guerre qui fait monter les prix et  Tobei réussi à réaliser son rève de devenir Samouraï alors que leurs épouses souhaitent une vie plus calme,

Elles n’ont pas choisi leur destin   la femme de Tobei devient prostituée après avoir été violée et  celle de genjuro est morte en rentrant seule au village.

À retenir l’admirable scène du lac avec la barque qui apparaît dans le brouillard  et  qui symbolise le danger la violence et la mort. La guerre n’a rien de glorieux : les soldats sont des pillards, des violeurs, et le fameux sens de l’honneur japonais apparaît rarement.

Henri Fabre

03.01.2021 Victoria de Sébastian Schipper 2015. 

Il est 5h42 du matin à Berlin, Victoria jeune pianiste espagnole, qui voulait en devenir une grande sort d’une boite de nuit,  elle est abordée par quatre amis « la bande à Sonne », ils sont sympas,  ils partent en virée. 2h14 plus tard, il est presque 8 heures à Berlin. Nous venons d’assister, miracle de la technique, au plan séquence le plus long de  l’histoire du cinéma.  Que peut-il se passer pendant ce temps ?  On peut blaguer, boire, déambuler, faire des bêtises et rire,  commettre un délit, piquer un petit révolver,   devenir l’objet d’une poursuite policière époustouflante, se sauver,  se planquer, échanger des tirs, et en mourir. On peut voir Victoria, en pleurs, reprendre son soufle,  se relever  et fuire. Elle y était…sauf pour les policiers. Déjà le jour se lève, elle est seule dans la rue qu’elle traverse en diagonale, elle en a réchappé, elle pourra retourner chez elle, continuer. Elle qui ne sera pas ce qu’elle voulait être, ne sera plus jamais ce qu’elle était. Le temps de l’histoire, le temps du jeu des acteurs, le temps des spectateurs, une même durée. Quant aux jeunes acteurs,  Laïa Costa, Frederic Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit, Max Mauf… dans le « plan séquence » de leur existence, ils ont joué d’autres beaux films,  et nous aux Cramés, nous sommes témoins de certains.

Georges

 

02.01.2021 Carré 35     d’Eric Caravaca

Un film documentaire court, 1h07. Pourquoi me poursuit-il ainsi depuis cette soirée du mois de décembre 2017, présentée par Georges ?

Sans doute un peu la même sensation que celle éprouvée par Eric Caravaca et qui est à l’origine de ce film autobiographique. Tout est parti d’une tristesse soudaine, profonde, ressentie devant les tombes d’enfant d’un cimetière en Suisse. Une tristesse trop forte, qui le dépasse, une détresse personnelle qui l’amène à explorer les traces du passé familial et à percer ce secret de l’existence cachée d’une sœur décédée à l’âge de 3 ans, dont il ne reste aucune trace dans le « roman » familial. Les photos d’elle ont été détruites.

Le film d’Eric Caravaca est le récit de son enquête auprès des siens, son père mourant, ses oncles et tantes, et surtout sa mère qui résiste : non, il n’a jamais eu de sœur aînée, elle ne voit pas de quoi il parle. 

Je ne veux pas dévoiler plus l’intrigue de ce très beau film, peut-être ne l’avez-vous pas vu. C’est un film sur les secrets de famille, enfouis plus ou moins profondément, souvent avec l’accord tacite de ses membres. Peut-être trouverez-vous le réalisateur dur avec cette mère qui a voulu tout oublier pour survivre, cette enfant pas comme les autres et l’époque de la colonisation. Mais pour lui, l’heure est venue de savoir : il est père à son tour.

Laurence Guyon