Le vénérable W de Barbet Schroeder

Ce film a été présenté en Séance Spéciale au Festival de Cannes 2017 Semaine du 12 au 17 octobre 2017

Soirée-débat lundi 16 à 20h30

Présenté par Eliane Bideau

Film français (juin 2017, 1h40) de Barbet Schroeder avec Barbet Schroeder et Bulle Ogier

 

Synopsis : En Birmanie, le « Vénérable W. » est un moine bouddhiste très influent. Partir à sa rencontre, c’est se retrouver au cœur du racisme quotidien, et observer comment l’islamophobie et le discours haineux se transforment en violence et en destruction. Pourtant nous sommes dans un pays où 90% de la population est bouddhiste, religion fondée sur un mode de vie pacifique, tolérant et non-violent.

Excellente soirée de lundi. Bravo pour la présentation documentée d’Eliane, et pour les bases historiques afin comprendre la genèse des événements, j’ai aussi apprécié  le débat plutôt riche.

Comment apparaissent les W dans notre monde ? Celui-ci avait un visage de beignet au miel, un sourire épanoui, une voix douce et suave, sans oublier son côté rondelet comme un moine, rassurant. C’était un vraiment un étonnant  W.

Il faut l’entendre parler des poissons-chats. On voit que c’est un homme qui les connaît. Il ne les aime pas beaucoup ces poissons-chats du Nil et il se trouve qu’il n’aime pas non plus les musulmans qui dit-il,  leur ressemblent. Le Nil est loin et les musulmans sont près. Or, on ne met pas de temps à découvrir que le vénérable W est un manipulateur pervers. Sa rhétorique est celle de tous les génocidaires et épurateurs ethniques : cancrelats, porcs, rats vermines. Pour W qui est moderne doté d’un Iphone à grand écran, ce sont donc les poissons-chats, pas les perches, les poissons-chats qui font l’objet de son ressentiment.

Ces métaphores animalières annoncent les pogroms et le gaz ici, les viols systématiques et la machette là… On n’est pas privé d’images atroces qui montrent feu, tortures et meurtres d’hommes, de femmes, d’enfants. Et on suspecte que  le vénérable W contribue résolument à ces crimes.

En Birmanie,  quand cette  machine est lancée, contre  le pauvre peuple musulman-birman, la compassion du bouddhisme s’arrête ou commence les maisons des musulmans. Et l’on peut voir que  ces maisons, les bouddhistes* les brûlent.

Au demeurant, je me pose quelques questions :

Pourquoi l’a-t-on sorti de sa boîte ce W ? (car il était en prison). Ce type semble être un agent provocateur, une sorte de précurseur,  un manipulé-manipulateur.  Si cette impression est correcte, pourquoi a-t-on tenu spécialement à ce que  ce discours  de haine génocidaire  soit assuré par un bouddhiste, est-ce à ce point fédérateur ?  Pourquoi l’armée a-t-elle eu besoin d’un type comme lui en première intention ?  Nous vérifions que désormais, elle le rend moins utile en agissant à visage découvert et d’une manière franche… si l’on peut dire.

On observe que dans le reste du monde,  les thèses et pratiques islamophobes sont les mieux partagées, Trump, les gouvernements chinois et  Indiens etc. Il y a une athmosphère de permissivité exceptionnelle ces derniers mois pour faire le malheur et persécuter les minorités. C’est le moment opportun.

Pour le vénérable W,  avec toute cette concurrence, sa célébrité risque de  tenir à peu de choses,  comme tout produit, il devra demeurer «  efficace et utile » dans sa violence pour surmonter son obsolescence.

C’est un grand mérite de Barbet Schroeder de réaliser ce cinéma là, de nous présenter ces personnages méchants, de les faire entrer dans notre conscience.

 * ou prétendus tels! en fait, c’est toujours le fond raciste qui est mobilisé, et ça c’est assez transversale comme notion.

 

Une réflexion sur « Le vénérable W de Barbet Schroeder »

  1. Merci Georges pour ton article, W a èté libéré eu 2012 lors d une amnistie nationale pour l élection de La dame de Rangon , fâcheuse décision ! Il me revient les parole d une chanson de Bernard Lavilliers qui parle très bien des migrants du monde entier . Je dédis ce poème à tous les malheureux que nous avons vu hier soir . «  Vivre encore «  Quand tu n entends plus dans ton cœur trop lourd

    Battre ton sang noir , voiler les tambours Et quand le soleil comme une blessure Fait place à la nuit quand la mort rassure Faut vivre encore Vivre encore, vivre comme un cri Cri du sang de l amour aussi Vivre ailleurs , survivre ici La bataille n est jamais finie Pour vivre encore et vivre encore . Eliane

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