Les ogres

 

Film français (mars 2016,2h24) de Léa Fehner avec Adèle Haenel, Marc Barbé et François Fehner

Présenté par Marie-Annick Laperle

Article de Georges

Voyant ce film, on peut penser un instant à Enivrez-vous de Baudelaire :

« Il faut être toujours ivre, tout est là, c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous! ».

…Mais ça ne va pas tout à fait, tant ce film est foisonnant.

Nous étions prévenus, ce film s’appelle les ogres, et si les ogres s’enivrent, ils ont aussi toujours faim nous rappelle Marie-Annick dès sa présentation.

…Et on pourrait dire que les ogres sont d’abord Léa Fehner et son équipe, tous ceux qui ont contribué à créer ce film, avec son rythme, ses couleurs rutilantes, ses mouvements tournoyants, le contraste des plans, les costumes, les accessoires, la musique …

Cependant et presque paradoxalement, ce film est très équilibré et maitrisé dans la répartition des modes majeurs et mineurs, dans la distribution des rôles, dans le contraste de plans. Pour les rôles, on remarque aussi cet équilibre féminin, masculin, jeunes, vieux.

La réalisatrice et son équipe ont réalisé un film de l’excès et de la déraison, hors norme et superbe.

Quant aux scènes, elles sont un tissu de passages à l’acte débridés. C’est un film dont on pourrait dire qu’il relève d’un état maniaque collectif au sens clinique du terme, où prédominent l’excitation, l’euphorie, l’irritabilité et la colère, la perte de la pudeur, la fuite du temps. Cette troupe nous montre qu’elle n’hésite pas à se battre, à injurier, à mimer la vente d’une femme aux enchères, à passer d’un partenaire sexuel à l’autre, à donner des « cours de sodomie » aux enfants…

Et tout autant, il y a l’état d’âme profond de cette troupe, qu’on voit traversée de mille sentiments contradictoires, ou dominent la précarité, le doute, la tristesse, l’inquiétude, l’angoisse de ces gens qui vivent chaque jour au jour le jour et sont contraints à l’action et au mouvement.

Mais c’est Marc Barbé, Monsieur Deloyal qui apparaît le plus emblématique de l’expérience maniaco-dépressive de cette troupe. Personnage erratique, il porte le deuil de son enfant mort à 13 ans d’une Leucémie aigue lymphoblastique et la culpabilité qui va avec, il en accuse le « chef » qui est aussi probablement son meilleur et son seul ami et il n’arrive pas à être père de nouveau alors que sa compagne enceinte va mettre au monde un petit garçon. Il se bourre d’antidépresseurs et de tranquillisants. Il n’est jamais vraiment là où il est, va d’abattement en passage à l’acte, jusqu’à cette scène touchante de retrouvailles avec son ex-épouse, tous deux broyés par l’événement, comme une demande d’autorisation de reconstruire quelque chose, d’être père de nouveau, avec une autre femme.

Au total, ce film nous montre un groupe d’artistes, où le groupe est le réceptacle de tout, où l’intime et « l’extime » (comme disait Michel Tournier) se confondent. Où des personnages solidaires et pourtant solitaires, portent le masque de la comédie lorsqu’ils vivent une tragédie et inversement.

Ce film  est aussi une sorte un pied de nez à la dépression, à la précarité des choses, aux amours qui fichent le camp, au temps qui passe, aux drôles de gueules qu’ont peut avoir parfois, et à la mort qui rode, mais pas n’importe comment, comme dans un poème saturnien.

Georges

Les ogres

LES OGRES

Présenté par Marie-Annick Laperle
Film français (mars 2016,2h24) de Léa Fehner avec Adèle Haenel, Marc Barbé et François Fehner

Article de Marie-Noël

Les Ogres Léa Fehner

Ce qui est bien au cinéma, c’est qu’on voyage.

Moi, je suis immédiatement partie avec cette troupe, ces ogres cabossés, emmenée dans leur tourbillon .
On ne sait pas qui ils sont, comment ils sont arrivés là, quels sont leurs projets, après .
On ne sait rien de l’ailleurs. Ce qu’on sait de leurs blessures s’est passé ici, entre ogres.
Dans leur vie commune.
Car il n’y a pas de relation à 2 ou en famille, pas de relation stabilisée. Ils sont tous sur le fil.
François, le chef et Marion, son épouse s’aiment et se détestent. La violence verbale tout au long du film et en particulier lors de la scène de la mise aux enchères, est choquante, insupportable, révoltante. C’est ce qu’il cherche, François : que Mona se révolte, enfin . Il ne veut pas de son amour absolu. Surtout, il ne supporte pas sa jalousie. Bref, son comportement et sentiments « bourgeois » ne cadrent pas dans la vie qu’ils se sont choisie.
On imagine qu’il y a eu d’autres situations comme celle-là. Mais vieillir n’est pas simple (« je ne fais pas envie, c’est ça ? ») . Il la maltraite et les autres qui se joignent à lui ! Comme s’ils jouaient une pièce ! Dans une situation concernant un autre membre de la troupe, aurait-elle, elle aussi, hurlé avec les loups ? C’est d’une violence vertigineuse mais cela la propulse dans les bras d’un homme tombé du ciel .
Cet intermède va lui apporter l’apaisement qui lui fera « capter » son mari à nouveau . Son regard a changé. Le sien aussi.
Leur relation avec leur fille Inès est dramatique. C’est une écorchée vive, pleine de reproches et de rancoeur envers ses deux parents. Elle attrape ses trois petits et s’échappe (momentanément ?). Ils ne lui courent pas après, ni l’un, ni l’autre, comme amarrés au chapiteau.
La relation Mona et Mr Déloyal semble mal partie . Thomas, le fils décédé à 5 ans, est omniprésent dans l’esprit et le coeur du futur père qui culpabilise « à mort » de le remplacer . On en est tellement imprégné que la scène à l’extérieur semble superflue. On aurait pu vivre son absence, la naissance sans lui sans savoir concrètement où il était. Et puis tous les autres sont là, alors, est-ce grave que le père ne soit pas présent lors de la naissance de son enfant ?
Chez nous, oui très. Chez les ogres, pas vraiment.
Quand il réapparait, la jeune mère le salue d’un doigt d’honneur et d’un sourire radieux (le sourire d’Adele Haenel, c’est quelque chose !)
On sait que leur relation ne sera jamais classique, conforme aux critères usuels.
Leur enfant rejoindra probablement la ribambelle joyeuse d’enfants élevés autrement, en communauté .
Petits ogres groupés et forts qui vivent pleinement (outre les extases des fiancées du beau gosse, les bagarres des « adultes » etc …) la force créatrice de leur(s) parent(s) et de tous les autres, leur vitalité et leur énergie à croquer à pleines dents cette vie qu’ils ont choisie.

On aimerait bien être un ogre.

Marie-Noëlle

L’EAU A LA BOUCHE

Film du Patrimone
L’EAU A LA BOUCHE
Semaine du 12 au 17 mai 2016
Soirée débat dimanche15 mai
Présenté par Delphine Kunkler
Film français (Janvier 1960,1h24) de Jacques Doniol-Valcroze avec Françoise Brion, Bernadette Lafont, Alexandra Stewart, Michel Galabru
Musique et chansons de/et par Serge Gainsbourg

Notes  de Delphine

Autant l’avouer, en tant que spectatrice, je viens plus pour la musique que pour le film. En effet, la BO composée par Serge Gainsbourg. Le Gainsbourg, fin années 50 jeune auteur-compositeur, période jazz : L’anthracite, Les amours perdues, Baudelaire, arrangements de Alain Goraguer. L’eau à la bouche fait partie de cette excellente cuvée.

Dans ma présentation plutôt sommaire, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. Commençons par la mauvaise : le réalisateur n’est pas très bon. La positive maintenant : L’eau à la bouche serait son seul bon film.

Le réalisateur : Jacques Doniot-Valcroze, né 1920, décédé en 1989

« Eminence grise des Cahiers du Cinéma, il n’a pas réussi à imposer une œuvre avec ses apports théoriques. L’eau à la bouche avait suscité des espoirs malheureusement démentis par les films suivants. (…) Il faut le dire avec regret, les réalisations de Doniol-Valcroze n’ont été que rarement à la hauteur des intentions d’un homme par ailleurs très cultivé » Jean Tulard, critique de cinéma.

Synopsis : à la mort de lady Henriette, le notaire réunit dans son château les 3 jeunes héritiers : Miléna, Séraphine et Jean-Paul. Arrive Robert, un ami de Jean-Paul séduit par la beauté de Miléna. Alors que César, le majordome, poursuit de ses assiduités Prudence, la petite bonne, Séraphine ne reste pas insensible aux charmes du beau notaire. Un marivaudage dans les règles de l’art !

Les acteurs les plus connus : Michel Galabru en majordome lubrique (il en fait des tonnes, ça peut rendre allergique si on ne l’est pas déjà !), Bernadette Lafont en fausse ingénue, digne héritière des soubrettes de Marivaux.

Les atouts du film selon Jean Tulard :

Le magnifique décor d’un château du Roussillon (Château d’Aubiry à Céret dans les Pyrénées-Orientales) ; la célèbre musique de Serge Gainsbourg ; une mise en scène brillante et virevoltante.

Un très agréable divertissement sentimental et libertin.

Anecdote : On m’a raconté que ce film était interdit aux moins de 18 ans en avait décidé. Pourtant pas de quoi fouetter un chat : à l’image de belles filles effectivement un peu déshabillées, un soutien-gorge volant, un Galabru complètement lubrique, des couples qui se font et se défont.

Un film léger et amusant, à voir pour le côté vintage (les belles robes sixties !), les mouvements de caméras aériens dans les escaliers et sur les passerelles du fabuleux château) à voir donc et surtout… à écouter.

Delphine

 

Quand on a 17 ans

7 nominations à la Berlinale 2016Semaine du 12 au 17 mai 2016Soirée-débat mardi 17 à 20h30
Présenté par Claude Sabatier
Film français (mars 2016,1h54) de André Téchiné avec Sandrine Kiberlain, Kacey Mottet Klein, Corentin Fila et Alexis Loret

 

« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » – écrivait Rimbaud dans son poème malicieusement intitulé « Roman » pour évoquer amours et légèreté adolescentes auxquelles  André Téchiné, dans « Quand on a 17 ans », co-écrit avec Céline Sciamma, confère une tout autre gravité : ce film relève en effet du drame, tant il évoque une passion amoureuse, au-delà de la simple homosexualité, en cet âge disponible et inquiet, « le seul où nous ayons vraiment appris quelques chose », selon la formule de Marcel Proust mise en exergue sur l’affiche. Le regard sur l’adolescence est ici d’autant plus profond que, refusant les facilités romantiques du décrochage scolaire, de la marginalité sociale, de la révolte contre les adultes ou le pittoresque moderne du jeune geek, Téchiné va à l’essentiel, à l’universel – la peur de se connaître, l’exaspération de se découvrir, la rage d’aimer.

Ce triptyque décliné en trois trimestres d’une année scolaire, autour de deux saisons – hiver et été – remarquablement synthétisées dans la première séquence d’une route estivale débouchant sur un paysage d’hiver, nous offre le « roman » douloureux d’une passion moins spécifiquement homosexuelle qu’amoureuse en général – chacun pouvant s’y reconnaître ou s’y identifier : Damien, fils de médecin (Sandrine Kiberlain) et de militaire parti en Afghanistan, garçon un peu gracile et fragile, inquiet sur sa virilité qu’il entretient par des leçons de lutte, habitant la vallée, choyé par ses parents et sa mère plutôt aisés, va tomber amoureux de Tom, bel éphèbe sombre et taciturne, enfant métis et adopté, en quête de père, qui lui manifeste d’emblée, selon les mots de Nathan, une « antipathie trop violente et irrationnelle » pour ne pas cacher autre chose… Tom est bientôt accueilli par Marianne, malgré les réticences apparentes de Damien, pour lui éviter les 3 heures de trajet journalier vers l’école à pied dans la neige et par bus, et lui permettre de préparer son bac dans les meilleures conditions tandis que sa mère, malade, doit bientôt se reposer et accoucher à l’hôpital.

La force de ce « film d’action » psychologique, selon le vœu du cinéaste, tient à une subtile alliance de tension dramatique, du refoulement à l’accomplissement en passant par la prise de conscience et l’aveu d’une passion véhémente et douloureuse, et de lenteur calculée, selon les intermittences du cœur, les raidissements brusques, ou les violents retours en arrière qu’imposent, surtout chez Tom, la révélation à soi-même d’une irrésistible attirance longtemps niée ou rejetée alors même qu’elle a été dite, reconnue dans un regard ou un silence, voire scellée par un baiser.

Servie par l’écriture concise et nerveuse de Céline Sciamma, la mise en scène de Téchiné, à cet égard, loin de nous imposer un découpage artificiel ou des atermoiements faciles, destinés à soutenir un suspense amoureux, nous plonge au cœur d’une intimité torturée et d’une relation tumultueuse dont les méandres insufflent son rythme à cette histoire d’un désir : ce n’est pas la moindre réussite de ce film que d’avoir refusé l’étude sociologique ou l’œuvre militante sur l’homosexualité pour montrer, en Marivaux tragique, une marche cruelle à l’aveu et à l’amour où les deux adolescents n’affrontent jamais que leurs propres doutes et démons – peur d’aimer, complexe social, préjugé de normalité violemment chevillé au corps et quête identitaire pour Tom ; quant à Damien, virilité inquiète, interrogation sur son orientation sexuelle (aimé-je ce garçon ou les garçons ?), difficile acceptation de soi et manque de confiance en la vie et dans les autres, comme le regrette sa mère… Ce sont autant de questions où l’on reconnaît la réflexion de la scénariste sur l’identité sexuelle et sa trouble affirmation – ou dénégation : Damien au punching-ball criant comme une fille selon Paulo ou naviguant sur des sites homosexuels n’est pas sans rappeler dans « Tomboy » Laure se faisant passer pour Mickaël – débardeur, torses nus et parties de foot aidant.

Et les trois temps de cette histoire scandent moins les étapes linéaires d’une passion que les vicissitudes d’une laborieuse réconciliation avec soi-même, à la fois autorisée et paradoxalement retardée par l’accueil de Tom chez Damien, permise enfin, voire libérée par l’annonce de la mort du père tué à la guerre. Troisième trimestre où, après le combat rituel dans la montagne, et le joint partagé dans la grotte, la violence semble toujours présente, mais comme jouée, acceptée, dépassée ?, Tom devenant le grand frère, et le père disparu de Damien, et celui qu’il n’a pas, pour veiller sur Marianne et apaiser la souffrance de son ami.

Sandrine Kiberlain joue une mère idéale, trop idéale peut-être, qui, pas plus que les voisins ou le village, ne juge l’homosexualité latente de son fils ou ne semble s’en inquiéter : peut-être les parents de Tom, d’un autre milieu, seraient-ils moins ouverts, le garçon craignant un peu qu’ils ne le voient s’embrasser avec Damien… Médiatrice plus ou moins volontaire de leur relation – Marianne accueille Tom sous son toit, lui dit l’affection de Damien et gagne un bras de fer contre son fragile garçon, non, significativement, contre son hôte – elle assiste, dans un acquiescement serein à la vie, à l’éclosion d’un amour : lorsque Damien lui explique qu’il a reçu un coup de boule pour avoir embrassé Tom et s’étonne de son silence, elle lui répond qu’il n’y a rien à dire, que c’est sa vie. Elle incarne une présence à la fois pleine et diffuse, pour reprendre la formule d’un critique, trait d’union qui s’efface pour laisser advenir un amour, point sur les i lorsqu’il faut bien confronter les torses nus des ados à leurs bleus absurdes ou renvoyer Tom pour avoir failli briser la mâchoire de Damien. Kacey Mottet Klein en Damien et Corentin Fila crèvent aussi l’écran : le premier impose sa moue et son apparente mollesse pour dire la construction malaisée de l’ado surprotégé ; le second, Headcliff montagnard, ce mélange de rudesse sauvage et butée au contact de la nature et d’enfance aux abois dans un regard chaviré ou un silence entêté. La fraîcheur explosive de cet accouchement amoureux, si réaliste que soit la scène d’amour physique, élude l’âpreté de « L’Homme blessé » ou de « Querelle », l’esthétisme de « Maurice », ou encore l’humour élégant de « Tootsie » ou « Victor Victoria » – pour dépasser le film inverti en histoire d’amour.

Et quelle n’est pas notre émotion lorsque fouetté par le vent pyrénéen et les hautes herbes d’une clôture, bercé par « Yakéfé », la musique de Victor Démé, qui accompagnait déjà la marche parallèle des ados ennemis, Tom rejoint Damien en une course folle, vertigineuse, enfant tourbillonnant, luciole fantastique au clair de lune, dans le déséquilibre enfin conjuré du désir !

Claude

 

QUAND ON A 17 ANS

7 nominations à la Berlinale 2016
Semaine du 12 au 17 mai 2016
Soirée-débat mardi 17 à 20h30
 

Article de Marie-Noëlle

Présenté par Claude Sabatier
Film français (mars 2016,1h54) de André Téchiné avec Sandrine Kiberlain, Kacey Mottet Klein, Corentin Fila et Alexis Loret

Quand on a 17 ans »
Un film qui m’a laissée perplexe .
Tout est tellement lisse .
A commencer par le personnage de la mère qui est tellement parfaite. Elle comprend tout, est bienveillante avec tous …
Elle accepte, ne juge pas, y compris les sentiments de son fils pour Thomas, sans sourciller.
C’est ça qui m’a déroutée : qu’elle ne sourcille pas. Tout intellectualiser, d’accord . Mais il manque une réaction physique à la situation .
Je n’ai pas cru au couple qu’elle forme avec Nathan . Vingt ans après : deux tourtereaux . Ou bien le l’amour fusionnel dure plus longtemps sur skype .
Même son chagrin est parfait. Elle s’affole de son malheur un soir devant le cimetière comme pour y rejoindre son mari tant aimé (joué par un acteur que j’ai trouvé assez fade mais c’est finalement parfait : il doit rester en filigrane)
Elle rayonne vite à nouveau. Elle dit vite d’ailleurs qu’elle préfère soigner qu’être malade. Tout ça en un trimestre.
Avec son fils Damien, la relation est, elle aussi, déconcertante. Ils s’adorent. Mais comment un ado garçon de 17 ans, peut-il être aussi docile ? Il lui cache bien un peu de sa vie (sites internet masculins) mais sinon on dirait qu’il a dix ans. Aucune tension, aucune rébellion. Elle lui enlève son bonnet, lui ébouriffe les cheveux, devant la grille du lycée, donc devant tous les autres ados, il ne dit rien .
(à noter aussi la scène chez le CPE qui lui parle comme à un enfant « on est dans ce bureau tous les trois, toi, Maman (!), et moi »)
Je me suis demandé quel age avait A.Téchiné . Céline Sciamma, elle, est jeune pourtant.
Les jeunes de son age ne sont pas dans sa bulle. Dans sa bulle, il y a sa mère et lui . Il voudrait y faire entrer Thomas. Sa mère va l’y aider. Elle est sensible au charme de Thomas et on ressent une certaine attirance de Thomas pour elle.
La relation de Damien et son père est, me semble-t-il, aussi, improbable. Quel ado laisserait le champ libre à ses parents, sur skype certes, pour un échange intime : « tu veux que je te laisse ?  » demande-t-il à sa mère avant de s’éclipser discrètement …

On ne ressent pas le bouillonnement de l’adolescence chez Damien .
C’est dommage
Ce personnage ne m’a pas émue

Thomas c’est autre chose.
Il semble vivre cette relation avec Damien sans grande conviction. Pour voir.
Par sa situation sociale, familiale, ses conditions de vie, il est au-delà, déjà adulte.

Ce que j’ai aimé dans ce film, c’est Thomas et la montagne. Magnifiques !
Deux puissances physiques fascinantes .

Marie-Noëlle

Une nouvelle rubrique?

Chers amis cramés de la bobine,

Nous tentons l’expérience de placer dans ce blog des notes de présentation des films de la sélection mensuelle des cramés de la bobine.

Vous trouverez une partie de notes de « l’Avenir », puis celle de « l’eau à la bouche », un film présenté par Delphine et ensuite?

A suivre… Vous pourrez trouver ces notes dans la nouvelle rubrique « notes de présentation. »

Amitiés

 

 

 

L’AVENIR

L’AVENIR
Ours d’Argent du Meilleur réalisateur
Film français (avril 2016,1h40) de Mia Hansen-Løve avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka, Edith Scob, Elise Lhomeau et Sarah Le Picard

Quelques mots sur Mia Hansen Love, elle a 35 ans, elle doit son nom à un grand père Danois, et étrangement dit-elle, son prénom à sa mère, impressionnée par Mia Farrow dans Rosemary Baby.

Sa carrière commence comme actrice dans deux petits rôles dans les films d’Olivier Assayas :

-1998 Fin Août, début septembre, elle a un petit rôle, elle faisait du théâtre au Lycée, elle aurait été recrutée lors d’un casting sauvage.

-2000 destinées sentimentales, elle interprète le rôle de la fille d’Isabelle Huppert.

 Ces deux films ont aussi été pour elle l’occasion de jouer avec André Marcon.

 -2001 elle entre au conservatoire d’art dramatique, 2003, 2005, elle fait des critiques pour les cahiers du Cinéma et elle réalise 2 courts métrages : Après mûre réflexion et offre spéciale. 

Ensuite viennent 5 longs métrages, chaque fois elle est réalisatrice et scénariste de ses films.Ce sont des films très personnels, qui dialoguent entre eux. Ils transposent des choses de sa vie que transfigure le jeu de ses acteurs.

4 des films de l’œuvre de Mia Hansen Love concernent la perte et le deuil amoureux.

Et tous ses films sont une recherche sur la pensée, la vérité, la parole, l’effet du temps. (Comme en témoignent ses interviews) En ce sens,  au plan littéraire, elle est proche de Proust et de Modiano par exemple)

Dans son univers cinématographique, il y a Eric Rohmer auquel sa mère l’a initiée toute jeune. (Avec Rohmer,  la parole est un acte en soi la pensée en train de s’élaborer devient quelque chose de presque tangible).Tout comme chez Rohmer, il y a quelque chose de performatif  dans la parole des personnages de Mia Hansen Love. Ajoutons  Robert Bresson, François Truffaut, Philippe Garrel et Olivier Assayas qui est l’homme avec qui elle vit et dont elle a un enfant.

-En 2006 avec son premier long métrage, TOUT EST PARDONNE   a obtenu le prix Louis Delluc du 1er film, c’est un film touchant qui parle des retrouvailles entre un père, un temps « addict », et sa fille.

On remarque que ce premier film est dédié à Humbert Balsan un producteur qui compte pour elle.

 -En 2009 elle réalise LE PERE DE MES ENFANTS

Qui s’inspire de la vie d’Humbert Balsan, acteur et producteur, un homme qui prenait tous les risques pour produire… par amour des films et de ceux qui les font, et qui a fini par se pendre mettant ainsi fin à sa vie et… à ses difficultés.

 -En 2011, UN AMOUR DE JEUNESSE,Retrace les affres, la douleur d’un chagrin d’amour de jeunesse… dont en fait, elle est sortie gagnante, par le cinéma

-En 2014, EDEN, film qui s’inspire du parcours musical (musique électronique) de son grand frère.

-Quant à L’AVENIR, en voici le Pitch :

Nathalie est professeur de philosophie, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme…

M.H.L connaît bien cette situation, ses parents sont philosophes et tous deux séparés. Mais son film est bien autre chose que ça. Il y a le scénario déjà complexe est sublimé par la subtilité du jeu  d’Isabelle Huppert qui incarne le rôle d’une manière qui lui appartient. (et qu’on aime!)

Les actrices et acteurs, une de sa constellation affective et artistique. 

Et, dans le casting, il y a une constante, elle dit : « Pour moi, le choix des comédiens, est une chose absolument capitale, et je ne pourrais pas choisir des acteurs – et c’est vrai du rôle principal jusqu’au plus petit rôle, pour lesquels je n’ai pas un désir, même un amour authentique. »

Faisons l’hypothèse que  l’avenir,  Mia Hansen Love, peut être vu comme un prolongement d’un amour de jeunesse, elle a certainement eu le désir de montrer ce que peut être une rupture à l’autre bout d’une vie.

Pour cela Isabelle Huppert est la bonne personne, non seulement parce que Mia Hansen Love connaît et aime cette actrice, que cette actrice joue avec d’autres qu’elle connait bien,  mais aussi probablement parce qu’elle a joué, au début de sa vie d’actrice, Pomme dans la Dentelière, une histoire de rupture amoureuse destructrice. (Or dans l’Avenir à la soixantaine, Nathalie, l’héroïne n’est pas détruite au contraire, elle devient libre.

Dans le même genre de spéculation, on peut se risquer à parler de la musique du film :

La musique de Schubert qu’on entend à plusieurs reprises, dont en Bretagne « « Auf dem Wasser zu singen » qui signifie quelque chose comme « chanter sur l’eau » est une métaphore sur l’eau et le temps qui passe. Cette chanson est en rapport avec la dernière chanson Unchained Melody. La première est interprétée par Dietrich Fischer-Dieskau. Ce choix doit aussi être en rapport avec Helena Fischer Dieskau, la petite fille pianiste qui joue dans le film « tout est pardonné ».

De même Unchained Melody écrite en 1955, il y a aussi une métaphore sur l’eau. « Toutes les rivières solitaires s’écoulent vers la mer, les grands bras solitaires de la mer ».

Le film Unchained pour laquelle a été composée cette belle mélodie est un film de 1955, année de naissance d’O.Assayas, mais là, je sur-interprète certainement.

On sera certainement frappé par la dimension spirituelle et le travail d’agencement des films   de Mia Hansen Love.

CAFÉ SOCIETY

CAFÉ SOCIETY
La séance sera précédée de la retransmission de « La Montée des marches » à 19h15
Film d’ouverture au Festival de Cannes 2016, présenté Hors Compétition
Soirée mercredi 11 à 20h30 (19h15 pour la « Montée des marches »)

Présenté par Danièle Sainturel
Film américain (mai 2016,1h36) de Woody Allen avec Jeannie Berlin, Steve Carell, Kristen Stewart et Jesse Eisenberg  

Synopsis : New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d’étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l’engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n’est pas libre et il doit se contenter de son amitié. 
Jusqu’au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l’horizon s’éclaire pour Bobby et l’amour semble à portée de main…

The assassin

THE ASSASSIN
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2015
Soirée-débat mardi 3 à 20h30
 

 Présenté par Jean-Louis Rocca sinologue

FilmTaïwanais (vo, mars 2016,1h45) de Hou Hsiao-Hsien avec Shu Qi, Chang Chen et Yun Zhou

Bavardage du mercredi  :

Salle comble pour ce film  somptueux et curieux,  à la fois lent et fulgurant   dont la revue  7ème obsession de février mars, fait l’éloge dans un  article   « apprendre à devenir soi même »,  de Xavier Leherpeur.

Il  nous met vertement en garde avant de regarder ce film :

« …Ce n’est pas attendre qu’il soit ce que nous lui demandons d’être. mais au contraire, qu’il nous arrache à nos certitudes, à notre confort de spectateur repu de facilités. Non, le scénario de The assassin n’est pas confus. Bien au contraire » .

Cette considération n’est heureusement pas sa meilleure pour défendre un film dont au demeurant il  parle très bien. Et nous lui conseillerions bien volontiers de venir aux cramés pour vérifier si les spectateurs sont repus de facilités…

Ce que nous avons aimé chez Jean-Louis Rocca en plus de sa science, c’est qu’il dit  le contraire de cette mise en garde, il nous met à l’aise, nous dit que lui même n’a pas tout compris et que ce n’est pas bien grave.

A ce propos, pendant que nous prenions un verre, je discutais  avec Georges B,  et je lui demandais : A ton avis,  qui est cette femme au masque d’or avec qui combattait  l’assassin ? il me répond tout de go* (1): l’épouse du roi… femme aimante et jalouse ».

Merci Georges B de tes lumières, les cramés de la bobine c’est aussi ça, le bonheur de pouvoir se mettre à plusieurs pour s’expliquer un film.

G

 

*(1) Je ne vais pas me priver de cette facilité.

Nb : Dans la 7ème obsession, on peut lire aussi  « le combat intérieur » une interview de Hou Hsiao Hsien lui même.

 

Capitaine Thomas Sankara

Le documentaire du mois 
Capitaine Thomas Sankara

Soirée-débat lundi 2 mai à 20h30

Présenté par Henri Fabre
Film suisse (novembre 2015, ) de Christophe Cupelin

 

Belle soirée cinématographique consacrée à un homme-intègre,  on peut sérieusement regretter de ne pas avoir pu noter les commentaires  de chacun des cramés durant le débat. Alors contentons nous de nous remémorer la première, celle d’un homme qui avait travaillé dans l’ex Haute-Volta et connaissait les faiblesses et les aspirations de ce peuple et la dernière qui nous informe que nous pouvons agir avec des femmes et des hommes qui vivent au Burkina Faso  à l’exemple de :

www.zebu.net