10949 femmes

 

 

En présence de la réalisatrice Nassima Guessoum

Film documentaire Algérien (avril 2016,1h16) de Nassima Guessoum

Article de Laurence

À Alger, Nassima Hablal, héroïne oubliée de la Révolution algérienne, me raconte son histoire de femme dans la guerre, sa lutte pour une Algérie indépendante. C’est un récit universel qui met à l’épreuve la question de la liberté : qu’est ce que la liberté ? Quel est son prix

10949 femmes de Nassima Guessoum, projeté dans le cadre du Festival des films de la Méditerranée

10949 femmes est une des belles surprises de cette année. Que savions-nous de cette jeune cinéaste ? Peu de choses : qu’elle avait fait des études d’histoire et de cinéma, qu’elle était franco-algérienne, qu’elle avait fait un beau portrait de la slameuse Tata Milouda. Nous savions que ce film serait également un portrait : celui d’une des 10949 femmes combattantes de la guerre d’indépendance de l’Algérie. Et ce fut une magnifique rencontre ou plutôt deux rencontres : l’une avec la cinéaste Nassima Guessoum présente à l’Alticiné ce soir là et l’autre avec son héroïne Nassima Hablal. Deux Nassima. Dorénavant ce prénom sera pour moi synonyme de grande personnalité.

Enfin, un portrait de femme combattante ! Vous trouvez peut-être que j’exagère, souvenez-vous de notre déception à l’issue de la projection du documentaire Les Jours heureux, où étaient les femmes résistantes ? Et dans « L’armée des ombres » que nous avons présenté à Ciné-culte. Et à chaque fois, une forme hagiographique, pontifiante, voir de l’autocongratulation. Dans 10949 femmes, rien de tel. Nassima Guessoum a choisi de filmer une relation, une histoire incarnée et avec quel brio ! Nous sommes chez cette combattante, âgée de 80 ans qui offre le café, raconte sa jeunesse, sa vie, le tout dans une apparente simplicité. Evidemment, rien n’est simple dans ce splendide documentaire, il est au contraire magnifiquement construit et propice à l’expression de la parole. Les moments difficiles concernant la torture, le viol de son amie Baya, l’emprisonnement avec Nelly Forget à la ville Sésini, (un centre de torture) sont filmés avec beaucoup de délicatesse. Il m’a semblé reconnaître les poupées africaines avec lesquelles Victoria surmontait sa vie difficile dans le film de Jean-Paul Civeyrac Mon amie Victoria, autre très beau film programmé par les Cramés. Et avec un tel sujet, Nassima Guessoum a réussi le tour de force de nous apporter énormément de connaissances et de faire en même temps un film solaire et joyeux. Sa combattante chante beaucoup, des chansons que nous connaissons, que nous avons envie de fredonner avec elle.

Nassima Guessoum avait avec Nassima Hablal une relation de grand-mère à petite fille. Si j’osais, je proposerais bien à la cinéaste d’être ma troisième fille. Il faut absolument voir ce film, c’est un petit miracle d’hommage à toutes les combattantes et un merveilleux moment de partage.

Laurence

Laurence nous conseille vivement de lire une critique qui vient de paraître dans : 

http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/10949-femmes.html

Laisser un commentaire